Décideurs allumés ?

 

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Notre homme n’est que le plus brillant d’une brassée de milliardaires orgueilleux. Qu’ils s’appellent Elon Musk ou Jeff Bezos, Steve Jobs ou Marc Zuckenberg et j’en oublie, on a envie de rappeler à ces surdoués que ronge une saine jalousie le ridicule d’un projet Mars à l’échelle humaine.

Elon y croit mais déjà Bezos biaise. « Je dis à mes amis qui veulent coloniser le coin : Allez d’abord passer un an au sommet de l’Everest et dites-moi si vous vous y sentez bien, car c’est un paradis à côté. »

On a compris. Il n’y a pas le feu. Malgré la philanthropie un peu lourde qui nourrit leur combat de coqs, on aimerait prier ces messieurs de reporter de quelques années une virée qui doit durer un siècle, alors que la Terre est présentement bien malade. Mais ce serait un manque de tact.

Une poignée de décideurs goguenards arrive dorénavant dans les salles de contrôle. Ils tournent autour, les mains dans les poches et des sous partout. Finies les effusions rituelles, quand après avoir planté leur fusée, des rangées d’ingénieurs en bras de chemise se levaient d’un bond pour s’applaudir comme des gosses, le cœur lavé de toute jalousie. C’était beau.

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Finement, pour masquer la chaude odeur des affaires, les financiers du futur tartinent sans pudeur leur barbe à papa métaphysique sur notre vieil humanisme galiléen. C’est d’une patte voluptueuse qu’ils jouent avec Mars comme un chaton avec une pelote de laine.

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Vous comprendrez qu’en voyant le plus secoué de ces agités ne plus pouvoir fermer l’œil, même avec des boules dans les oreilles, je souris. C’est bien fait pour lui.

Hubert Reeves, de sa belle voix ronde, s’en est amusé aussi. Vouloir coloniser l’espace confine selon lui à un aveuglement bienheureux, au sens d’imbécile. On n’y arrivera jamais vu qu’on serait mort avant.

Elon devrait plutôt mettre un point d’honneur à déblayer les 3000 casseroles qui tournent pour lui en escadrille autour de la Terre en encrassant nos téléphones. Vu qu’on en prévoit dix fois plus dans les années qui, viennent.

 

Et notre Thomas qui fait le Charlot

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Pour donner une âme à ce monde étrange, la France a trouvé un medium lumineux, capable de réchauffer notre moral en berne, Thomas Pesquet.

Quand on l’a vu jongler avec la terre dans la station spatiale, je n’ai pu m’empêcher de penser au Charlot du « Dictateur », dans la célèbre séquence du ballon.

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Mais ça ne va pas plus loin. Dans la peau d’Hitler, il jouait du bout des ongles avec le globe, alors que notre Thomas le caresse de la paume avec une déférence pleine d’empathie.

Elon a certes payé le vaisseau rembourré mais c’est notre Gaulois qui pendant six mois, va rassurer la France. Il est devenu notre ange blanc, bien installé dans la cabine.

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Son sourire renvoie vers celui de Reims mais ils ne boxent pas dans la même catégorie. Du coup, on aimerait quand même savoir ce que pense Thomas de l’autre zozo avec sa planète rouge … Il semblerait qu’il ait déjà mesuré la folie d’Elon en répondant des écoliers captivés...

       Vous allez où comme ça, M’sieur ?

      Sur Mars... Pour les cent prochaines années. On voudrait aller vérifier là-bas, mais on n'en est pas capables, c'est trop loin. La station spatiale, c'est 400 kilomètres, la Lune 400 000 et la planète entre 40 et 400 millions.

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Souhaitons-lui de tout cœur de retrouver dans six mois notre terre si belle et si amochée… Avec un gros dossier sur les cellules souche qui pourra toujours servir dans les pharmacies tant qu’il reste un peu d’oxygène.

Mais quel bonheur de voir tous ces cosmonautes se sourire à bout portant, alors que sur la terre, on agite des drapeaux chauvins dans les stades.

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Du coq à l’âne, quittons la station spatiale et revenons en Lorraine, où nul ne pourrait jurer, avant de l’avoir lue, si l’histoire qui suit est un lézard ou un poisson d’avril. Rappelons-nous que la terre est vieille mais qu’elle n’est pas folle. Elle a seulement faim, de l’avis des oiseaux.

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Plus vieux que moi, tu meurs

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Il y a une quarantaine d’années, il avait suffi d’un coup de pioche pour rappeler aux Mosellans que leur département jouissait d’une haute réputation chez les scientifiques. Alors que les Martiens n’y sont que des zombies.

Un ouvrier avait déterré un pliosaure à Montois-la–Montagne. Il s’agit d’un genre de reptile marin long d’une dizaine de mètres mais au cou court … à ne pas confondre, avec le plesiosaure au cou long, comme chacun sait.

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Il est facile de comprendre que les mâchoires de fer du premier croquaient chaque fois le cou trop long  du second.

Un archéologue amateur de Hayange avait récupéré les morceaux de ce dangereux animal, et l’on sut que, bien avant les Wendel, la bête crawlait sur nos mines il y a 135 000 ans.

Nous ne saurons jamais par quel mystère elle s’est retrouvée en 1986 au Musée d’histoire naturelle du Luxembourg … où l’on vient de décider en avril dernier de le reconstituer mais bref.

C’est là que le hasard, pour une fois, est une aubaine pour nos chercheurs. Ce pliosaure du Grand-Duché, n’est qu’une icône de plus dans le diaporama de la nature, mais il tombe à pic pour remonter le moral des profs mosellans !

Depuis 2012, en effet, l’Université lorraine, après leur avoir plusieurs fois promis de changer les draps pour donner à Metz un peu de mou, continue de garder la couverture jusqu’au menton. C’était pourtant l'occasion rêvée d’arrêter la guerre des capitales.

Alors tant pis ! Montois la Montagne n’étant qu’à cent mètres de la Meurthe-et-Moselle, on se réjouit de savoir que le pliosaure était du bon côté. Pour une fois, l’arrête de ce vieux poisson lorrain, c’est Nancy qui l’a dans l’os. JG. mai 2012

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"La paix des étoiles"

Ce n’est pas un hasard, mais la preuve que les petits Lorrains gardent les pieds sur terre. Si Elon Mesk avait le malheur de tomber sur leur film d’animation,  plein de fraîcheur et très pointu, il aurait du souci à se faire. Sa planète rouge n’est pas pour demain, encore moins la veille. Tant mieux pour tout le monde.

Notre ami Stephane Bubel a réalisé ce petit chef d’œuvre avec, si l'on peut dire, la bénédiction de la Ligue de l’enseignement et le talent des élèves de l’école Sainte-Thérèse de Metz. Souhaitons qu'à l'avenir, ces derniers ne soient pas les seuls à garder un oeil  vigilant sur le projet bidon du tonton Elon.

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